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Ma collection de Baïonnettes

Baïonnettes modèle 1886 et 1886-15 « N 1437 »

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Lors de sa conception, le fusil Lebel modèle 1886 est équipé d’une nouvelle épée-baïonnette à poignée métallique fixée sous le canon, non plus sur le côté.

Cette baïonnette « dite ergonomique », avec son système de fixation innovant, permet au militaire d’utiliser qu’une seule main, lors de la mise en place sur l’arme. La lame au départ de section ronde était rendue cruciforme par forgeage à chaud, c’était pour l’époque une innovation. Sa conception est le résultat d’études réalisées au cours de la guerre civile américaine et la guerre franco-prussienne qui a démontré que les sabres-baionnettes de type Chassepot modèle 1866, sauf dans des mains d’experts, étaient rarement efficaces en cas de combat rapproché.

Conclusion : Les blessures les plus graves furent causées par la pointe de la baïonnette fixée au fusil.
La décision fut donc prise de concevoir une fixation innovante pour une baïonnette, sous le fusil et non sur le côté droit comme pour les modèles de conception antérieure. Durant les combats de la Première Guerre mondiale, malgré toutes ces innovations, les soldats de l’infanterie en première ligne critiqueront la longueur excessive de la baïonnette fixée au fusil, très peu fonctionnelle dans les tranchées (longueur totale 1 825 mm).

Pour cette baïonnette trois variantes principales existent : 

  1. Le modèle 1886 à soie courte

Longueur : 640 mm
ø interne de la douille : 15 mm
Poids : 405 g

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Armement : fusil Lebel M-1886 et dérivés

Valeur : €€€ €
Rareté :  che1valierche1valierche1valierche1valier
Remarques :
La première variante de la série, à soie courte a été fabriquée durant une très brève période, de 1886 à mai 1890.

Finition remarquable à la lime par traits croisés

La poignée de cette variante est uniquement en maillechort, son extrémité est obturée, pour l’esthétique par un bouchon en acier. Le verrouillage à l’arme s’effectue grâce au bouton poussoir quadrillé (dont il existe plusieurs variantes) situé sur une virole qui pivote autour de la poignée, son rappel est assuré par un ressort intégré avec goupille de guidage vissée. Le 15 juin 1888, la goupille vissée sera supprimée et le ressort allongé de 6 à 7 spires. La croisière fixée à la lame par un rivet saillant est munie d’une bague avec un petite encoche destinée à intégrer le guidon de l’arme.

Pour exemple (M-1886 à soie longue)

Le crochet destiné en théorie à briser la baïonnette de l’ennemi est aussi utilisé pour former les faisceaux à trois fusils baïonnette fixée au canon. Il comporte le matricule de l’arme répété sur le pontet du fourreau à laquelle la baïonnette était affectée. Trois manufactures d’armes Nationales ont fabriqué ce modèle, suivant la ou les premières lettres du n° de série de (1 à 99 999), il est possible d’en connaitre sa provenance.

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  1. Manufacture Nationale d’Armes de Châtellerault (MAC) … A, B, C, D, E.
  2. Manufacture Nationale d’Armes de Saint-Etienne (MAS) … F, G, H, J, K, L, M, N, P, Q.
  3. Manufacture Nationale d’Armes de Tulle (MAT) … R, S, T, U, V.

La soie filetée est vissée sur la poignée

La lame de section quadrangulaire est munie de quatre arêtes et de quatre gouttières, sa finition est généralement polie brillant, certaines ont été bleuies, à la fin de la Première Guerre mondiale, et dans les années 20. 

Les lames étaient marquées en théorie d’un petit poinçon de contrôle qualité et de la marque d’acceptation  militaire appelée Contrôleur Poinçons (tampons des contrôleurs). Il y avait trois types différents de marques d’acceptation utilisées : Directeur de Manufacture, Contrôleur Généraux Principaux et Contrôleur de 1ème, 2ème et 3ème Classe. Les marques, Directeur de Manufacture et Contrôleur Généraux Principaux seront trouvées avec une lettre dans un cercle et Contrôleur de 1ème, 2ème, et 3ème Classe seront trouvées avec une lettre dans un bouclier.

Brasure Marques de contrôles estampillées sur le bas ou le côté juste au-dessus du pontet

Le fourreau utilisé avec les premières baïonnettes à soie courte est en tôle d’acier reliée par brasure, ce mode de fabrication a été utilisé jusqu’en 1893. Son corps de finition bronzée épouse parfaitement le profil de la lame, son extrémité est terminée par une bouterolle de diamètre 10 mm, non percée, le ressort interne est maintenu par un rivet, le pontet constitué d’une seule pièce enveloppe le corps.

  1. Le modèle 1886 à soie longue

1886 001

Longueur : 640 mm
ø interne de la douille : 15 mm
Poids : 405 g

Armement : fusil Lebel M-1886 et dérivés

Valeur :  €€€ €
Rareté : che1valierche1valierche1valier
Remarques :
Cette variante du modèle 1886 avec soie longue, a été fabriquée de mai 1890 à 1916.

En observant ce plan d’époque, on peut remarquer que le modèle de gauche à soie longue est beaucoup moins coûteux à fabriquer, pas de filetage à l’intérieur de la poignée ni de bouchon à l’extrémité.

La poignée de cette variante, modifiée à partir de mai 1890, est maintenue à la soie grâce à un écrou à deux ergots. Malgré un aspect visuel identique à la variante antérieure, tous les éléments qui la constituent ne sont pas interchangeables. La modification des éléments constituant la poignée, avait pour but de renforcer l’ensemble. La poignée est généralement en maillechort ou très rarement en laiton, seulement utilisée à partir d’octobre 1914.

Il est possible de rencontrer dans de très rares cas, des crochets soigneusement abrasés, le matricule de l’arme est alors inscrit, soit sur le méplat où se trouvait initialement le crochet, soit sur la poignée.

A= Variante antérieure à 1893, B= ultérieure à 1893

A partir de 1893, suite au décrochage des baïonnettes lors du tir, les taquets de fixation furent modifiés en largeur, passant de 5 à 7 mm.

La lame d’aspect identique au modèle à soie courte est munie d’une soie longue avec extrémité filetée. Sa finition est généralement polie brillant, certaines ont été bleuies à la fin de la Première Guerre mondiale, et dans les années 20.

Marquage MP (fabrication privée)

Au cours de la grande Guerre, les trois manufactures d’armes Nationales ont du faire appel à l’industrie privée pour la fourniture de certaines pièces (lames, pommeaux, croisières). Beaucoup de ces pièces ne portent donc pas les poinçons habituels du directeur et du contrôleur de la manufacture.

Certaines pièces ont été fabriquées par des entreprises privées, notamment :

1). L. Delage & Cie qui a fait des poignées et ont été marqués du code : LC sur la poignée
2). M. Guinard qui a fait les ressorts pour le loquet à collier rotatif
3). Établissement Malicet & Blin qui a fait des gardes-croisés et qui ont été marqués du code: M
4). Société des Anciens Établissements Panhard & Levassor qui ont fabriqué le loquet à collier rotatif et qui ont été marqués du code: PL sur la pièce
5). Société des Automobiles & Cycles Peugeot qui a fabriqué les lames, les vis de serrage et les fourreaux et ceux-ci seront marqués du code: P sur ces pièces
6). Les automobiles Renault qui ont fait l’adhérence et ont été marquées du code: R sur la poignée
7). Maison Vichard et Conge : 30 000 lames
Des lames ont également été rencontrées avec les codes suivants: (P, SG, SC, C&P, CF, GR, MP, etc ….) et des poignées ont également été rencontrées avec un B et M. entrelacés. On ne sait pas pour l’instant qui étaient ces entrepreneurs privés.

Le fourreau utilisé avec la baïonnette à soie longue, peut être en tôle d’acier brasée ou à partir de 1893 fabriqué par emboutissage ceci afin d’améliorer la solidité du corps. A partir de février 1915 la bouterolle d’extrémité sera percée afin de faciliter l’évacuation de l’eau, certains rares exemplaires sont munis d’une grosse bouterolle de diamètre 13 mm.

En 1903, est publiée au BMO une circulaire relative à l’utilisation de rivets de fourreaux de trois tailles différentes afin de compenser l’ovalisation des trous lors de la remise en état (jeu) du ressort. Ces rivets sont fournis par les manufactures au diamètre de 2,5, 3, et 3,6 mm.

  1. Le modèle 1886 modifié en 1915

Longueur : 640 mm
ø interne de la douille : 15 mm

Armement : fusil Lebel M-1886 et dérivés

Valeur : €€€ €
Rareté :  che1valierche1valierche1valier
Remarques :
Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté, l’armée française a commandé des centaines de milliers de baïonnettes, de ce fait les usines d’armement Nationales ont dû prendre des mesures pour maintenir le rythme. En novembre 1914, lorsque les usines réalisèrent qu’elles ne seraient pas en mesure de produire suffisamment de baïonnettes dans les délais convenus, une série de propositions furent faites pour simplifier le processus de production (décision prise en janvier 1915).

La poignée officiellement modifiée à partir de 1916, malgré un aspect général différent, est de constitution identique au modèle à soie longue.

La croisière et la virole sont de fabrication simplifiée afin de facilité leurs forgeages :

  1. La croisière à angle droit est dépourvue de crochet, cela évite également que celui-ci ne s’accroche dans les fils de fer Barbelés, bien présents aux abords des tranchées.
  2. Le bouton de la virole plat et quadrillé ne fait plus saillie.

Sur le modèle 1886-15, trois types de poignées ont été utilisées :

  1. En maillechort, cet alliage, (de cuivre, nickel et de zinc) était un matériau coûteux, notamment en raison du coût élevé du nickel en pleine guerre. Ce type d’alliage aurait été mis au point en France, entre 1819 et 1823, par les ouvriers métallurgistes lyonnais, les Français Maillot et Chorier (ou Chortier), ce qui explique ce nom composé par abréviation technique. Par la suite, de 1938 à 1940 on utilisera cet alliage pour la frappe des 5, 10 et 25 centimes « troués » type Lindauer.
  2. En laiton (cuivre et zinc), utilisée à partir du 25 octobre 1914, le laiton était moins coûteux que le maillechort.
  3. En fonte grise d’acier, utilisée à partir du 20 juillet 1917, mais très rarement rencontrée. La fonte a été testée par la Manufacture Nationale d’Armes de Châtellerault en mars 1917 et a été autorisée en raison de la facilité de coulée des entreprises privées.

Il est possible de rencontrer des modèles munis de poignées en laiton et crochets, par contre les poignées en fonte n’ont jamais été montées avec crochets.

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Le matricule de l’arme, composé d’une ou deux lettres en cursive suivie d’une série de 1 à 5 chiffres inscrit sur le méplat de la tranche inférieure de la croisière.

Le fourreau utilisé avec la baïonnette 1886-15, peut être en tôle d’acier brasée ou à partir de 1893 fabriqué par emboutissage ceci afin d’améliorer la solidité du corps. A partir de février 1915 la bouterolle d’extrémité sera percée afin de faciliter l’évacuation de l’eau, certains rares exemplaires sont munis d’une grosse bouterolle de diamètre 13 mm.

Les porte-fourreaux utilisés pour toutes ces variantes du M-1886 et M-1886-15 sont, voir (Porte-fourreaux français).

Il arrive de rencontrer des baïonnettes modèle 1866, 1886-15 dont la lame a été raccourcie aux alentours de 35 cm. Dans la majorité des cas, ces armes raccourcies sont des armes qui ont été appointées, fournissant ainsi un poignard de tranchée fort convenable. Les fourreaux sont aussi réduits en longueur artisanalement de diverses manières, le plus souvent par brasure de la bouterolle.

Remarques perso : 
Dans certains films durant la Première Guerre mondiale, un oeil averti peut remarquer des erreurs, comme par exemple dans le film « Joyeux Noël » de Christian Carion avec entre autre Guillaume Canet et Dany Boon, le choix du modèle des baïonnettes n’est pas le bon : lors du premier assaut, les soldats utilisent le modèle 1886 modifié en 1915 alors qu’il est apparu en 1916 et non en décembre 1914, date de la scène du film.

Période d’utilisation :
Utilisée durant la Première, Seconde Guerre mondiale et encore après.

La fabrication du fusil Lebel s’arrête avec la fin de la Première Guerre mondiale, mais sa carrière continue et on le retrouve encore durant la Seconde Guerre mondiale aux mains des unités de réserve principalement, les troupes d’actives étant équipés du modèle 07-15 ou du fusil modèle 16. Il est néanmoins gardé un fusil Lebel dans chaque 1/2 groupe de combat aux mains du tireur VB, le fusil Lebel étant plus résistant au fort recul de ce lance grenade que les autres fusils.

Remarques perso :
Ouvrage conseillé : « Les Baïonnettes Réglementaires Françaises de 1840 à 1918 » de la Gazette des Armes Hors Série N°7, très complet !

Avis personnel sur l’attrait de ce modèle :
Ces baïonnettes, vestiges historiques de la Grande Guerre, sont encore bien présentes, cachées au fond de certains greniers ou caves de la France rurale, chacune de celle-ci a vécu une histoire personnelle, évoquant à elle seule la souffrance de tous les militaires blessés ou morts pour la France.

Il existe une multitude de variantes, (soie courte, soie longue, sans crochet, types de poignées), tous ces modèles sont intéressants dans une collection.

Le 16/03/21.


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