Au début de la Seconde Guerre mondiale, les planificateurs militaires croyaient encore qu’une baïonnette munie d’une longue lame constituait une partie importante de l’équipement personnel des soldats. Comme ce fut le cas durant la Première Guerre mondiale (qui a connu une guerre des tranchées généralisée), on pensait qu’une portée étendue donnerait aux soldats un avantage sur leurs ennemis.
Photo prise peu de temps après le 06 juin 1944, rare modèle dans sa longueur d’origine
Les nouvelles baïonnettes fabriquées à partir du mois d’avril 1942 à mai 1943, sont de conception identique au M-1905. Elles possédaient une lame de 16 pouces (406 mm) et ont été fournies aux soldats avec leur fusil M1. Au fur et à mesure que la guerre progressait, de nombreuses tactiques utilisées pendant la Première Guerre mondiale se sont avérées invalides et il a été déterminé qu’une lame de 16 pouces n’était plus le meilleur choix.
A la mi-1943, une nouvelle baïonnette nommée M1 fut commandée avec une lame courte de 10 pouces (254 mm). Elle était de conception identique au M-1905-42, à l’exception de la lame de 10 pouces. Cette baïonnette ne se distingue des modèles coupés par la suite, que par la gouttière de sa lame qui ne se prolonge pas jusqu’au bout et par ses marquages spécifiques (pas de date de fabrication, sauf un petit nombre datée 1943).
A partir de septembre 1943, les autorités militaires on donc pris la décision de standardiser la longueur des baïonnettes en coupant la lame des M-1905 et 1905-42.
Ces transformations en usine, ont été réalisées progressivement lorsque le stock de la nouvelle baïonnette M1 était au complet. Leur transformation a été effectuée aléatoirement par plusieurs fabricants, les mêmes qui les avaient produites pour certaines (M-1905-42). Les livraisons étaient en moyenne de (40 à 50 000 ex) par mois et ce jusqu’au mois d’août 1945, environ 1 100 000 exemplaires (1905 et 1905-42) auraient ainsi été transformés.
Fait intéressant, le fusil M1 Garand a été conçu de manière à ce que les baïonnettes encore en service du fusil Springfield M-1903 puissent également être utilisées.
Modèle : 1905-42
Longueur : 526 mm
ø interne de la douille : 15,8 mm
Armement : fusil M1 Garand
L’ajustage des plaquettes, comparativement au M-1905 est aléatoire Vue détaillée des plaquettes asymétriques, celle du haut comporte un évidement pour intégrer le levier de verrouillage
La poignée est de constitution identique au M-1905 utilisé durant la Première Guerre mondiale, sauf pour les plaquettes qui ne sont plus en bois, mais en plastique brun ou noir finement rainuré. Autre petit détail, la plaquette droite est munie d’un écrou intégré.
La poignée ainsi que la lame sont réalisées d’une seule pièce, la croisière est maintenue à la soie par deux rivets soigneusement abrasés. Le mécanisme de verrouillage intégré permet de maintenir correctement la baïonnette dans le fourreau ou au fusil.
Pommeau du M-1905, avec épaulements destinés à intégrer correctement les plaquettes Pommeau du M-1905-42, sans usinage particulier
Au niveau de l’entrée de la rainure du M-1905-42, il est possible de rencontrer ces deux types de pommeaux. Celui de gauche est simplifié pour une production plus rapide, celui de droite, plus rare est identique au M-1905.
A gauche gouttière de forme carrée, en droite gouttière de forme arrondie
La lame utilisée pour les premiers modèles fabriqués est identique au M-1905, son extrémité est en pointe de pointe de lance avec un contre-tranchant plat grossièrement affûté sur environ 140 mm. Elle comporte une gouttière sur chaque face de forme carrée, qui par la suite et ce jusqu’à la fin de production sera de forme arrondie.
Ces baïonnettes fabriquées à la hâte, peu après l’entrée en guerre des USA par des entrepreneurs commerciaux privés n’ont pas la qualité de finition exceptionnelle des lames des M-1905 fabriquées en arsenal. Contrairement à celles-ci, elles sont démunies de numéros de série, elles comportent le marquage du fabricant (en abrégé) au dessus du symbole (Ordonnance Department) ainsi que la date de fabrication (1942-43).
Cinq des six fabricants ont produit le M-1905-42 d’avril 1942 à mai 1943, avec une production totale d’environ 1,5 million d’unités. Wilde Drop Forge & Tool, cependant, a cessé de produire la baïonnette en février 1943 et n’a jamais redémarré la production. Les lettres entre parenthèses sont comme ces fournisseurs les ont marquées :
- Union Fork & Hoe (UFH) – 385 000 (26 %)
- American Fork & Hoe (AFH) – 350 000 (23 %)
- Pal Blade & Tool (PAL) – 250 000 (17 %)
- Oneida, LTD (OL) – 235 000 (16 %)
- Utica Cutlery (UC) – 225 000 (15 %)
- Wilde Drop Forge & Tool (WT) – 60 000 (4 %)
Fourreaux M1917Fourreau M3
Le fourreau : voir (fourreau M3) et également (fourreau M-1917).
Avis personnel sur l’attrait de ce modèle :
Pour les fervents passionnés d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, ce modèle dans sa longueur d’origine, peut être encore moins courant que le modèle 1905, est indispensable dans une collection, seul petit hic, son prix d’achat reste relativement élevé.
Modèle : 1905 E1 (raccourci)
Longueur : 370 mm
ø interne de la douille : 15,8 mm
Armement : fusil M1 Garand
La poignée lors du raccourcissement de la lame n’a subi aucune modification.
Les cinq entrepreneurs qui fabriquait la baïonnette M1 ont participé au programme de raccourcissement. Lors de cette opération pour avoir une traçabilité, ils étaient en théorie dans l’obligation de laisser une marque. AFH a apposé sa marque sur le haut du dos de la soie, tout comme UFH pendant une courte période.
La plupart des marquages se trouvent sur la lame à droite, tels que UFH, OL (apparemment avec des tampons individuels), PAL-MOD et UC-MOD. Certains modèles nouvellement désignés M-1905E1 sont trouvés sans marque de traçabilité. Une théorie est que ceux-ci ont été raccourcis avant qu’une commande ne soit expédiée exigeant qu’ils soient marqués, ou ils ont été raccourcis avant la livraison.
En remarque, le rapport de Springfield Armory sur les articles fabriqués, modifiés et révisés au cours de l’exercice 1944 indique 33 200 Mod. (Modifié?) Baïonnette, M-1905 & M1. Cela peut indiquer que Springfield a raccourci certaines baïonnettes et ne les a pas marquées.
Le retour des longues baïonnettes aux entrepreneurs pour raccourcissement se faisait sur une base intermittente, ce qui entraînait des périodes de temps où il y avait peu de baïonnettes à modifier. Certains entrepreneurs, notamment Oneida, ont demandé à être libérés de leurs contrats, car ils ne pouvaient pas garder leurs ouvriers employés de manière régulière. Oneida a été retiré du programme en novembre 1943 et les baïonnettes portant la marque OL sont probablement les plus difficiles à trouver. Utica et Pal ont été abandonnés en 1944 lorsqu’il a été constaté que Union Fork and Hoe et American Fork and Hoe pouvaient suivre l’offre de baïonnettes à raccourcir.
Il y a eu une quantité inconnue de perte / gaspillage au cours du processus, suffisamment pour que le rapport sur les baïonnettes, couteaux et fourreaux mentionne ci-dessus: « ..la lenteur à laquelle les baïonnettes étaient reçues, ainsi que le taux de mise au rebut élevé, apportaient la modification programme très décevant. « La variété des aciers utilisés dans les baïonnettes, ainsi que les différentes formes plus pleines ont rendu le processus plus lent et plus difficile que prévu.
La lame avant raccourcissement comportait une gouttière qui pouvait être de forme carrée ou arrondie. Lors de la conversion en pointe de lance, il a été constaté que la lame avec une gouttière carrée présentait une fragilité à l’extrémité.
Pour palier à cette faiblesse, lors du raccourcissement deux méthodes de coupes ont été préconisées en fonction du type de gouttière.
Lame avec gouttière ronde
Cette méthode de coupe en pointe de lance est la plus courante, le profil de l’extrémité est du même type que les lames M1 nouvellement fabriquée. Il est possible dans de très rares cas, que certaines lames avec gouttières carrées adoptent ce profil, il s’agit peut être des premières lames retravaillées ou tout simplement d’une erreur, l’inverse est également possible (ci-dessous).
Lames avec une gouttière carrée
Cette méthode de coupe avec extrémité en diagonale est un peu moins courante, elle évite tout simplement de mettre en avant le point faible de la lame dû à son amincissement assez prononcé. Pour information l’épaisseur de la gouttière carrée est d’environ 2,4 mm, celle de la gouttière ronde 3,4 mm. Il a donc été préconisé aux opérateurs d’affûter uniquement l’extrémité en créant un contre-tranchant.
Fourreau M7
Le fourreau voir (M7 et dérivés)
Avis personnel sur l’attrait de ce modèle :
Pour les fervents passionnés d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, cette baïonnette encore assez courante, est indispensable dans une collection.
Le 20/01/22.